Affaires Financières et économiques

Les efforts suivants de Colbert ont été dirigés vers la réforme du système chaotique de la fiscalité, un héritage de l’époque médiévale. Le roi tirait la majeure partie de ses revenus d’une taxe appelée la taille, prélevée dans certains districts sur les particuliers et dans d’autres districts sur les terres et les entreprises. Dans certains districts, la taille était répartie et perçue par les fonctionnaires royaux; dans d’autres, elle était votée par les représentants de la province., De nombreuses personnes, y compris le clergé et les nobles, en étaient totalement exemptées. Colbert s’engagea à prélever la taille sur tous ceux qui en étaient convenablement redevables et entreprit ainsi une révision des titres de noblesse afin d’exposer ceux qui réclamaient faussement l’exemption; il essaya également de rendre l’impôt moins oppressif par une répartition plus juste. Il a réduit le montant total de celui-ci, mais a insisté pour le paiement intégral sur une période de temps raisonnable., Il a pris soin de réprimer de nombreux abus de perception (confiscation des biens des défaillants, saisie du bétail ou de la litière des paysans, emprisonnement des collectionneurs qui n’avaient pas pu produire les sommes dues à temps). Ces réformes et la surveillance étroite des fonctionnaires concernés ont apporté des sommes importantes dans le trésor. D’autres taxes ont été augmentées et le système tarifaire a été révisé en 1664 dans le cadre d’un système de protection. Les cotisations spéciales qui existaient dans les différentes provinces ne pouvaient pas être balayées, mais une certaine uniformité a été obtenue dans le centre de la France.,

Colbert consacra une énergie sans fin à la réorganisation de l’industrie et du commerce. Il estimait que pour accroître la puissance française, il serait essentiel d’augmenter la part de la France dans le commerce international et en particulier de réduire l’hégémonie commerciale des Hollandais. Cela nécessitait non seulement la production de biens de haute qualité pouvant concurrencer les produits étrangers à l’étranger, mais également la Constitution d’une flotte marchande pour les transporter. Colbert encourage les travailleurs étrangers à apporter leurs compétences commerciales en France., Il donna des privilèges à un certain nombre d’industries privées et fonda des manufactures d’état. Pour garantir le niveau de fabrication, il édicte des règlements pour toute sorte de fabrication et impose des sanctions sévères (amendes et pilori) pour contrefaçon et défauts. Il encourage la formation de sociétés pour construire des navires et tente d’obtenir des monopoles pour le commerce français à l’étranger par la formation de sociétés commerciales., Les compagnies françaises des Indes Orientales et des Indes occidentales, fondées en 1664, furent suivies par d’autres pour le commerce avec la Méditerranée orientale et avec L’Europe du Nord; mais la propagande de Colbert en leur faveur, bien qu’astucieusement menée, ne parvint pas à attirer suffisamment de capitaux et leur existence était précaire. La protection de l’industrie nationale exigeait des droits de douane contre les produits étrangers, et d’autres pays répondaient par des droits de douane contre les produits français. Cette guerre tarifaire fut l’une des principales causes de la guerre de Hollande de 1672-1678.,

Le système de contrôle de Colbert était ressenti par les commerçants et les entrepreneurs, qui voulaient préserver leur liberté d’action et être responsables envers eux-mêmes. De plus, les gens prudents et économes préféraient toujours les anciens débouchés pour leur argent (terres, rentes, argent) à investir dans l’industrie. La période a également été celle de la baisse générale des prix dans le monde entier., Le succès de Colbert n’est donc pas à la hauteur de ses espérances, mais ce qu’il réussit semble d’autant plus grand au vu des obstacles qui se dressent sur son chemin: il augmente la production des manufactures, développe le commerce, crée de nouvelles industries permanentes et développe les communications par route et par eau à travers la France (Canal du Midi, 1666-1681).